Dora Maar

Depuis quelques années, toute exposition  célébrant un « grand nom » de l’histoire de l’art, ou prétendant réestimer une oeuvre, suscite de multiples publications – et que la meilleure gagne ! La rétrospective consacrée par le Centre Pompidou à Paris, du 5 juin au 29 juillet 2019, à Dora Maar, a donc entraîné la parution, bien entendu d’un catalogue, comme il se doit copieux et assez classique dans son organisation, mais aussi de trois ouvrages, de conception et d’intérêt différents, qui s’ajoutent aux biographies plus ou moins romancées ayant succédé aux ventes, en 1998-1999, des oeuvres de Dora Maar et de sa collection de Pablo Picasso.

C’est la relation passionnelle avec ce dernier qui vient  spontanément à l’esprit du « public » dès qu’on évoque Dora Maar ; Alain Vircondelet lui accorde donc sans surprise la majeure partie de son ouvrage L’Exil est vaste mais c’est l’été, pour en donner une version documentée mais particulièrement dramatique. […]

Au début des années cinquante, elle a encore des activités publiques (des décors de théâtre) et voit quelques personnes (James Lord, Óscar Domínguez, Marie-Laure de Noailles), mais elle finit par vivre en recluse mystique, refusant toute invitation et même de s’occuper de son oeuvre. Pour vivre, elle vend un dessin ou une toile de sa collection de Picasso, plus rarement une de ses photographies. Combalia énumère les propositions d’expositions qu’elle refuse (elle n’acceptera que celle de Marcel Fleiss, révélant au passage un antisémitisme sur lequel Combalia est peut-être trop discrète) tandis qu’elle  retravaille d’anciens portraits par collages. Après sa mort en 1997, les ventes de ses collections suscitent une masse d’articles – insistant presque systématiquement sur le seul épisode Picasso : se forme à son propos une véritable « légende » qui reste muette sur des pans entiers de sa vie, mais que le livre de Victoria Combalia est de nature, par la richesse et la précision de ses informations,
à contester sérieusement. […]

Extrait de l’article de Gérard Durozoi dans Infosurr n° 144.

A propos de

Dora Maar : Alain Vircondelet, L’Exil est vaste mais c’est l’été, Paris, éd. Fayard, mars 2019.
Dora Maar : Brigitte Benkemoun, Je suis le carnet de Dora Maar, Paris, éd. Stock, mai 2019.
Dora Maar : Victoria Combalia, Dora Maar – la Femme invisible, Lille, éd. Invenit, juin 2019.
Dora Maar, Dora Maar, 5 juin – 29 juillet 2019, Paris, Centre national d’art et de culture Georges-Pompidou.