Parmi la pile d’ouvrages reçus par Infosurr lors du confinement et sans recension critique dans le bulletin, il faut signaler la très belle édition de De nuit en nuit de Marco Ristic, dans une édition critique précise de Jelena Novakovic (2019). Un thème important, la nuit, par un surréaliste trop peu connu (comme le surréalisme serbe en général), Marco Ristic. (Richard Walter)
Une rencontre est prévue le Samedi 11 février 2023, 15h, à la Halle Saint-Pierre (Paris) autour de cet ouvrage, avec Michel Carassou et Jelena Novakovic (voir Rencontres en surréalisme)
Marco Ristic (1902-1984) est en 1930 un des fondateurs du groupe des surréalistes de Belgrade. Il publie avec A. Vuco et D. Matic l’almanach Nemoguée — L’Impossible. En 1939, avec M. Krleza et K. Hegedusic il fonde la revue Pecat dans laquelle il publiera la version serbe de l’essai De nuit en nuit. Emprisonné pendant la guerre, il est nommé ambassadeur de Yougoslavie en France en 1945. Marko Ristic a de nombreux textes publiés en français, dont Ville-Age (2003), Esquisse d’une phénoménologie de l’irrationnel (2016)…
Quatrième de couverture de De nuit en nuit
Traduction française inédite, réalisée par l’auteur, d’une version écrite en serbe en 1939 ; ce texte de Marko Ristic est un essai sur la nuit, une des images dominantes dans la création littéraire et artistique des surréalistes. Pour Ristic, la nuit, la Nos microcosmica, comme est intitulé un de ses recueils de poèmes, est la nuit intérieure de l’homme où se cachent le Minotaure et les autres monstres affreux, ses désirs refoulés, soumis en état de veille à la censure de la conscience et que l’artiste porte à la lumière du jour par sa création artistique.
Dans cet essai poétique, Ristic, marqué par la découverte du Moyen-Âge, effectue une revalorisation de la nuit. Ce faisant, il l’oppose à la mort, mais aussi à la réalité insupportable, à « tout ce qui, dans cette réalité, est le mal réel, la fatalité naturelle, la fatalité sociale ». En extériorisant ses ténèbres intérieures, il lutte contre les ténèbres extérieures. Dans ce contexte, la nuit est aussi le symbole de la réalité sociale contre laquelle les surréalistes se révoltent. A la psychanalyse freudienne se joint ainsi l’idéologie marxiste.
Marko Ristic, De nuit en nuit, Paris, éd. Non Lieu, septembre 2019.