Alain Roussel, Le texte impossible

Alain Roussel, qui écrivit ses premiers poèmes expérimentaux dès l’âge de 18 ans (Édouard Jaguer en publia un dans sa revue Phases n° 11 de 1967), il envoya en 1976 le manuscrit d’un long poème en prose à l’éditeur de plaquettes de poésie P.J. Oswald. Celui-ci copia un fragment pour quelques amis lecteurs de ses publications poétique, parmi lesquels le poète surréaliste Jehan Mayoux.

Mayoux réagit toute de suite par une lettre enthousiaste et encourageante à Roussel. Il lui écrivit entre autres par ces mots :

« Vous avez le don  (le talent) d’écrire, avec plaisir et facilité. … Au lieu de perdre votre temps à vous demander ce que c’est l’écriture, s’il faut écrire ou non, écrivez, puisque vous en avez envie. »

[…] Au début du Texte impossible, il dit :

« Je m’en tiens pour l’instant à la remarque de Lao Tseu : Celui ‘qui sait ne parle pas’. En conséquence, je n’offre au lecteur, dans ce texte, que la fine fleur de mon ignorance. »

Lire cette fine fleur est un grand plaisir, ce que Jehan Mayoux, qui aimait tant les fleurs, aurait certainement approuvé.

Extrait de l’article de Laurens Vancrevel paru dans le n° 167 d’Infosurr.

Une lecture par Ludovic Tac du même ouvrage sera publiée dans le même numéro.

S’il est impossible, ce texte ouvert comme une plaie à vif sur la difficulté d’être au monde assume le néant porté par sa description et dissèque le mouvement dialectique du mot à la chose dont il faut équarrir les scories du Moi pour en dévoiler la formule, pour l’apprivoiser et la léguer au silence du temps d’après, qui est le miroir du moment qui précède l’acte d’aimer.
Le Texte impossible est suivi par un recueil de quatre poèmes, Le Vent effacera mes traces, qui apportent un éclairage latéral à son cours principal en évoquant les amitiés qui ont jalonné ce chemin, les rencontres, les lieux, tous pris dans les braises d’un feu central interrogeant sans cesse la puissance du verbe à s’incarner dans la vie, et vice-versa.

Alain Roussel, Le Texte impossible, suivi de Le Vent effacera mes traces, Orbey, éd. Arfuyen, mai 2023.