Archives de catégorie : Les extraits de notices

Expositions, publications, revues, films, DVD décrits dans Infosurr

Claude Gauvreau, Le Vampire et la Nymphomane

Esprit rebelle, anticlérical et libertaire, Claude Gauvreau  n’a pas vingt ans lorsqu’il commence  à écrire des « objets dramatiques », textes vocaux,  « pour  l’ouïe  », « nullement  destinés à la vue » qu’il regroupera sous le nom d’Entrailles. D’emblée  il adopte un lyrisme surréaliste nourri d’images poétiques présentant comme  le voulait Pierre Reverdy « le degré d’arbitraire le plus élevé », à quoi s’ajoutent des mots-valises à la manière de Lewis Carroll, et jusqu’à une poésie de mots inventés faisant écho à certains poèmes Dada ou à Finnegans Wake de Joyce :

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Max Ernst – Nature et Italie

[Max Ernst conçoit] la Nature comme un espace inspirant et comme règne du possible, espace qui, selon Ernst, n’a ni stabilité ni limites et que, en tant qu’artiste, il ne faut pas imiter platement, mais vivre avec intensité et interpréter subjectivement. Il s’agit de surmonter les réalismes en transperçant les apparences du réel pour arriver à son noyau, le surréel.

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La Tête d’Ogmius

Patrick Lepetit explique que « les surréalistes, comme [il l’a] montré dans son livre Le Surréalisme : parcours souterrain, se sont très tôt intéressés à toutes les formes de l’ésotérisme considéré comme un des moyens de réenchanter le monde et surtout de mettre à mal ou de contourner la froide raison positiviste, “bourgeoise”, et ses discours linéaires, qui avaient mené aux carnages de ce qu’il est convenu d’appeler la Grande Guerre. »

 

Avec La Tête d’Ogmius, il explore cette fois, avec la formidable érudition qui le caractérise, les relations entre surréalisme et mythes celtiques, ces derniers approchés comme la part refoulée de la conscience européenne, cette part « sauvage » que la raison d’État romaine puis catholique ont voulu anéantir chez les peuples conquis par les légions de l’Empire. […]

Les (re)découvertes anthropologiques récentes […] donnent à cette enquête de Patrick Lepetit l’aspect d’une mine où l’on peut observer et détailler à loisir les joyaux d’une pensée ancestrale mise à jour par les pionniers de la seule véritable aventure mentale qui mérite d’être
vécue : le surréalisme.

Extraits de l’article de Ludovic Tac paru dans le n° 162 d’Infosurr.

Celtes : Patrick Lepetit, La Tête d’Ogmius, « Surréalisme et Mythes celtiques », Gourin, Montagnes noires éd., novembre 2021.

La Fleur en papier doré (1949– août 2022)

Geert Van Bruaene, familièrement surnommé « le petit Gérard » (Courtrai, 1891 – Bruxelles, 1964), […] En octobre 1949, il ouvre, en plein Bruxelles, un estaminet au 55 de la rue des Alexiens, « La Fleur en papier doré » dont il couvre les murs d’un fastueux bric-à-brac : peintures naïves, vrai Magritte mais faux Paul Klee (à un client qui s’étonne de la modicité du coût demandé : « à ce prix-là, tu ne voudrais pas qu’il soit vrai en plus ! »), images de magazines, panneaux publicitaires, cartes-postales, photos jaunies, cadres vides et poêlons en cuivre, le tout entrecoupé de ses savoureux aphorismes comme « Certes, mon cher ami, nous ne sommes pas assez rien du tout » […]

 

L’esprit n’y étant plus, le bistrot sombre une première fois en 2006, […] il vivote jusqu’à finalement disparaître (Covid et guerre en Ukraine obligent) mais comme conclut justement Pierre Alechinsky : « cette Fleur en papier doré ne répondait plus à ce qu’elle fût. »

Extraits de l’article de Ben Durant paru dans le n° 162 d’Infosurr.

Réception donnée le 8 mars 1953 pour le retour de Marcel Mariën (à l’extrême-gauche), Geert Van Bruaene (assis) devant la « Fleur en papier doré » avec (de gauche à droite) Camille Goemans, Irène Hamoir, Georgette Magritte, E.L.T. Mesens, Louis Scutenaire, René Magritte et Paul Colinet (photographie d’Albert Van Loock).

MARIANNE IVSIC

[…] En 1967, Alain [Segura] rencontre des situationnistes, parmi lesquels Guy Debord et René Viénet, et dans le même cercle une femme plus âgée, Marianne Ivsic, dont le ton provocateur et l’extrémisme sans phrase le séduisent immédiatement. […]

 

De son immersion dans le surréalisme, elle avait gardé le sens de la formule poétique, comme l’atteste le seul texte d’elle que l’on connaisse, un tract de Mai 1968 considéré comme l’un des plus beaux et des plus saisissants qui aient été diffusés alors. Intitulé « Nous ne sommes rien, soyons tout » et signé « Une camarade yougoslave qui en sait long », il retrouve les accents des Paroles de Monelle : « Détruire le pouvoir sans le prendre. Détruire pour être l’autre et soi-même. La poésie vécue n’est pas autre chose ». […]

En mars 1969, avec quelques situationnistes et anciens membres du Conseil pour le maintien des occupations (CMDO), Marianne Ivsic va contribuer à réaliser un projet énoncé par les surréalistes dans les années 1950 : rétablir sur son socle vide, « à la proue des boulevards extérieurs », la statue de Charles Fourier fondue sur ordre de Vichy, comme tant d’autres, au profit de l’Allemagne nazie. Alain Segura rapporte sa véhémente défense de Charles Fourier face à un intellectuel ouvriériste qui n’y comprenait pas grand chose. Il n’en faudra pas plus pour que Guy Debord, fidèle à sa logique du dépassement avant-gardiste, l’appelle « la dernière surréaliste ».

Extrait de l’article de Joël Gayraud paru dans le n° 161 d’Infosurr.

Marianne Ivsic : Alain Segura, Une Saison avec Marianne, « La dernière surréaliste », Bassac, éd. Plein Chant (« La Font secrète »), mars 2022.

LE SURRÉALISME ET L’ARGENT

Nous ne rendons pas souvent compte des travaux universitaires mais il faut signaler cet essai, disponible gratuitement en ligne et qui concerne une thématique provocatrice : le surréalisme et l’argent ou plutôt le surréalisme et le marché de l’art.

 

Les différentes études prennent en compte les réseaux économiques du surréalisme, ses marchands, ses galeries et ses intermédiaires.

[…]

En filigrane, est toujours rappelé la position des surréalistes par rapport au marché de l’art, quintessence du système capitaliste à combattre selon eux et ce même s’ils étaient passés maitres dans l’art de s’y promouvoir. En exergue, est placée, non sans malice, une citation de Stéphane Mallarmé de 1889 :

« Vouloir assigner son prix réel, en argent, à une oeuvre d’art, fût-ce un demi-million, c’est l’insulter. »

Extrait de l’article de Richard Walter paru dans le n° 161 d’Infosurr.

Argent : Collectif, Le Surréalisme et l’Argent, Heidelberg (Allemagne), arthistoricum.net (« Passages on line », n° 4), février 2021.

Textos de Afirmação e de Combate do Movimento Surrealista Mundial

[…] Avec la Révolution des oeillets en 1974, le Portugal mit fin à la police politique et retrouva la liberté d’expression, ce qui y a ouvert des nouvelles possibilités à l’épanouissement du surréalisme. Il était temps de quitter le souterrain. Parmi les projets que Cesariny envisagea après la révolution, on compte une ambitieuse anthologie de textes du mouvement surréaliste alors cinquantenaire et qui n’aurait jamais pu voir le jour auparavant à cause de l’oppressive censure d’État.

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