Joostens, Le grand collage, 1917, photographie de Robert Guiette
par Ben Durant
Paul Joostens naît à Anvers le 18 juin 1889, son père est marbrier tandis que sa mère est issue de la grosse bourgeoisie. Il étudie d’abord chez les Jésuites avant d’entrer en apprentissage chez l’architecte Winders dont il gardera toute sa vie la notion d’architecture et de construction, disant « Si un tableau est mal équilibré, il ne m’intéresse pas ». Il apprend également la peinture à l’Académie d’Anvers puis à l’Institut Supérieur des Beaux-arts. Ses premières toiles exécutées en 1910 sont successivement impressionnistes, pointillistes et fauves. Mais sa palette s’assombrit et sa peinture devient expressionniste. Il entame ses premiers collages d’esprit dadaïste en 1915.
« Il faut repousser le rationalisme par tous les moyens. La raison, c’est la mort » [1].
Christian d’Orgeix, homme entier, intègre, luttant contre vents et marées, suivant une route étroite, peu fréquentée, toujours à la marge – de la société, cela va sans dire, mais aussi de tout groupe constitué – ce qui lui a, à de nombreuses reprises, fortement compliqué la tâche. « Hemos perdido todas las batallas, todos los días ganamos una Poesía » [2]. Homme d’un autre temps, de tous les autres temps. Sa seule modernité est dans son art, mais « c’est un privilège que de vivre en conflit avec son temps » [3].
Je me souviens de cet été 1995, je rencontrais pour la première fois Jean-Claude et Suzel chez eux. Je parcourais la Bretagne depuis quelque temps déjà, et m’en étant ouvert à Édouard Jaguer, celui-ci m’avait immédiatement recommandé d’aller voir les Charbonel. Je me souviens de cet accueil, le tutoiement d’emblée comme si nous étions déjà camarades, malgré les 32 années qui nous séparaient, un sourire généreux, engageant, et un excellent whisky.
Jean-Claude Charbonel est décédé
le 30 juin 2016 à Ploeuc-L’Hermitage
Il existe des êtres, rares, qui vivent entre le visible et l’invisible, ils en sont les passeurs passionnés. Ces êtres ne sont jamais du départ, ils continuent de hanter les manoirs de bois flottés, dressés par la houle sur des plages infinies, les rochers déchiquetés des rêves d’Iroise, et, lorsqu’on les croit captifs, au loin, d’un piège de Morgane, ils nous reviennent soudain sur quelque vaisseau fantôme entourés de leurs compagnons d’Aventure et de conviction.