[…] Les études sur le surréalisme recèlent souvent un mépris pour ce mouvement et notamment une phobie, généralement calomnieuse, contre André Breton, mais cette orientation semble de plus en plus en faillite. Isabel Castells n’est pas seulement une parfaite connaisseuse de l’oeuvre et de la figure de Remedios Varo, mais elle a aussi consacré des études de référence à Eugenio Granell (dont elle était une bonne amie) et à Emeterio Gutiérrez Albelo, l’une des principales figures du surréalisme canarien. D’où l’acuité et l’orientation parfaite de son édition de Varo, qui, entre des mains ignorantes du surréalisme, nous aurait fait trembler.
[…] Varo, sans être un écrivain professionnel, avait une capacité fertile pour créer des fictions merveilleuses, qui brisent, comme dans un égout, toute la fiction réaliste et formaliste dans laquelle le récit contemporain a abouti. À la fois lucide et ludique, jamais solennelle ni verbeuse, de par le charme de ses fabulations qui parfois ne cèdent même pas en délire à celles de son très cher Benjamin Péret, elle nous fait regretter – s’il y avait quelque chose à regretter en la lisant – qu’elle ne se soit pas consacrée plus fréquemment à l’inventivité verbale.
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Extrait de l’article de Miguel Perez Corrales paru dans le n° 171 d’Infosurr.
Remedios Varo, El Tejido de los sueños [Le Tissu des rêves], Sevilla [Séville] (Espagne), ed. Renacimiento (« Los Cuatro Vientos »),
février 2024.