Ce livre est un petit joyau, aussi bien grâce aux écrits inédits du poète/auteur que par les délicieux dessins colorés du peintre/illustrateur. Comme l’on sait, Philippe Audoin (1924-1985) fut un membre actif du groupe surréaliste à partir de 1963, et un des principaux organisateurs de l’exposition collective L’Écart absolu (1965). Dans une carte postale de Saint-Cirq-la-Popie en date du 27 août 1965 André Breton lui écrivait : « cette exposition vous doit tout ». Ses textes publiés dans La Brèche portaient sur l’alchimie, l’héraldique, l’hermétisme, la cabale phonétique et Charles Fourier, mais il avait aussi écrit des livres sur J.K. Huysmans et sur Maurice Fourré.
Le rapport à Breton, fait de proximité et de distance à la fois, est le fil conducteur de ces pages qui se caractérisent, comme le dit si bien Jérôme Duwa, par un style « désuet flamboyant ». L’image des « capucines aux lèvres d’émail » qui donne son titre au recueil, figure dans un poème écrit par Audoin en 1958, peut-être inconsciemment inspiré par un vers de Breton, « la religieuse aux lèvres de capucine ». La découverte des écrits de Breton fut pour lui une révélation et une « sommation transfigurante ».
Extrait de l’article de Michael Lowy dans Infosurr n° 146.
Philippe Audoin & Jean-Claude Silbermann, Les Capucines aux lèvres d’émail