À l’orée des années 1990, Alexandre Pierrepont joua, très jeune, un rôle déterminant dans le renouvellement des activités du groupe surréaliste de Paris. Si, depuis nombre d’années déjà il n’entretient plus, hélas, que des relations distantes quoiqu’amicales, avec ce groupe, il n’en a pas pour autant, fort heureusement, abandonné
toute référence ni toute implication avec l’idée et le projet surréalistes.
Au contraire, nous lui savons gré de savoir porter conjointement ses interrogations ethnographiques et sa passion pour le free jazz et les formes musicales actuelles qui en découlent, dans le champ du surréalisme, qui envers ce langage souvent frénétique ne saurait fermer sa « paupière auriculaire » chère à Joël Gayraud.
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Aussi, c’est avec grand plaisir que nous avons reçu son nouveau livre de poèmes, Frontières du monde habité ou les voyages de carreau d’os, qui fait suite, mais sans cette fois l’accompagnement d’un disque CD, à de précédents recueils élaborés avec le concours d’amis musiciens. Ces Frontières, qui vont d’une Maison Hantée à une Société savante, ne sont pas bien sûr prétextes à gabelous, barbelés et miradors ; elles désignent seulement par-delà l’invitation à les franchir, les lieux du possible – tous lieux de féérie et de sacre d’une autre civilisation – qui pour être atteints demandent d’abord au langage de recouvrer ses fonctions magiques d’invocation et de prédiction. Haute science. « Je tourne ma langue dans la bouche du squelette du ciel ».
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Extrait de l’article de Guy Girard, dans Infosurr n° 147.
Alexandre Pierrepont, Frontières du monde habité, Nérac, éd. Pierre Mainard, octobre 2018.