C’est au début des années 1980 que Guy Flandre – je lui en serai toujours redevable – m’a introduit auprès d’un certain nombre de surréalistes, et non des moindres. Parmi eux il y eut Marianne Van
Hirtum. À cette époque, j’ignorais qu’elle dessinait et n’avais lu aucun de ses poèmes. De ses recueils, je ne connaissais que deux titres – La Nuit mathématique, Le Trépied des algèbres – qui ne laissaient pas de m’intriguer.
Quand Guy m’a parlé d’elle, ce ne fut pas pour vanter sa poésie ni ses dessins, qu’il appréciait fort du reste, mais pour évoquer sa passion pour les animaux, notamment les reptiles, et l’étonnante ménagerie qu’elle avait installée dans son pigeonnier, situé sous les combles d’un immeuble du quartier Montparnasse. Il ne lui en fallut pas plus pour me convaincre de l’accompagner dans la visite qu’il comptait lui rendre. Et ce jour-là, sitôt qu’elle nous eut ouvert sa porte et prononcé quelques mots d’accueil, je sus que je n’avais pas affaire à une simple artiste ou poétesse, mais à un individu d’une tout autre trempe, rétif à toute catégorisation. J’avais devant moi un être souverainement libre.
Le grand mérite de la présente édition des Contes sublimes est de mettre en pleine lumière les vestiges les plus éloquents de cette liberté. […]
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Extrait de l’article de Joël Gayraud paru dans le n° 175 d’Infosurr.
Marianne Van Hirtum, Contes sublimes, « Contes et dessins inédits, suivie de “1, rue Delambre (6e étage par l’escalier de service)”
et de “Le Disque muet” », Moret-Loing-Orvanne, éd. L’Or aux 13 îles, novembre 2024.