[Max Ernst conçoit] la Nature comme un espace inspirant et comme règne du possible, espace qui, selon Ernst, n’a ni stabilité ni limites et que, en tant qu’artiste, il ne faut pas imiter platement, mais vivre avec intensité et interpréter subjectivement. Il s’agit de surmonter les réalismes en transperçant les apparences du réel pour arriver à son noyau, le surréel.
À l’aide de techniques comme le collage, le frottage, le grattage et la décalcomanie, Ernst a rendu visible ce surréel d’une manière ravissante et inquiétante en même temps, inventant un monde parallèle à une Nature qui, après de longues périodes de désenchantement par les sciences, la technique et l’économie, récupère son caractère mystérieux, mythique, envoûtant – et angoissant comme ce fut le cas pour les hommes de l’ère primitive.
[…] Il n’est pas besoin de souligner l’immense variété des sujets, des expériences et des modes d’expression de ce grand inventeur de techniques créatrices et pictor doctus qui, en tant qu’artiste, poète et penseur, ne cessait de se renouveler. […]
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Extrait de l’article de Heribert Becker paru dans le n° 164 d’Infosurr.
Max Ernst : Collectif, Max Ernst und die Natur als Erfindung [Ernst et la Nature comme invention], 13 octobre 2022 – 22 janvier 2023,
Bonn (Allemagne), Kunstmuseum.
Max Ernst, La Mostra, 4 septembre 2022 − 26 février 2023, Milano [Milan] (Italie), Palazzo reale.