Le surréalisme anglais vient de perdre l’un des plus brillants de ses membres. Né à Derby en 1947, Paul Hammond, peintre, essayiste et traducteur, est décédé à Barcelone où il s’était installé en 1992 avec sa deuxième épouse Ana Forcada, suisse et catalane. Après avoir fréquenté le Derby College of Art, il s’était inscrit au Leeds College of Art où l’un de ses enseignants était Patrick Hughes (cf. Infosurr, n° 122), futur surréaliste anglais, et l’un de ses meilleurs amis Glen Baxter, avec qui il avait formé un groupe de « subversifs ».
À Londres, il avait aidé à former le groupe Melmoth autour de Conroy Maddox (1973-1976) et avait exposé dans plusieurs galeries, y compris lors de la grande exposition collective, organisée conjointement avec le mouvement Phases d’Édouard Jaguer, Surrealism Unlimited, au Camden arts centre en 1978.
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Paul Hammond a aussi été un peintre de l’humour, qui demande à être davantage reconnu en tant que peintre au-delà de ses pairs, ainsi que le montre sa participation aux expositions Surrealist Collages (Paris, Le Triskèle, 1978), In the Spirit of Surrealism (Londres, 1984), A Permanent State of Lucidity (Londres, 1990) et Quadrinom (Hanovre, 1991) ainsi que sa collaboration à The Moment (n° 3, 1979) et Grid (n° 3-4, 1986). Les témoignages de ses amis tels que John Welson, Kenneth Cox, Frank Wright, Patrick Hughes ou Ian Walker soulignent une personnalité discrète, légèrement timide mais pleine d’humour, d’une richesse et d’une générosité intellectuelles immenses. Sa quête fut, dans le droit fil du surréalisme et, comme il l’écrivait lui-même, de
« redonner à l’oeil scopophile toute sa “sauvagerie” pré-oedipienne afin, en termes lacaniens, de rétablir la balance en faveur de l’imaginaire ».
Extrait de l’article de Michel Remy, paru dans Infosurr n° 152.