Pierre Mabille (1904-1952) est encore aujourd’hui trop méconnu
du grand public, mais également au sein du mouvement surréaliste dont il reste une figure de compagnonnage alors qu’il en fut un théoricien de premier plan. Rappelons qu’il est l’un des premiers à envisager sérieusement la dimension anthropologique du surréalisme (bien avant le livre de Vincent Bounoure et consorts, La Civilisation surréaliste, 1976, qui d’ailleurs ne le mentionne pas, ou peu).
Il est en outre, sans conteste, le plus qualifié de tous dans ce qui deviendra une donnée essentielle du mouvement après la Seconde Guerre mondiale : à savoir la connaissance des sciences dites ésotériques – disons plutôt les sciences traditionnelles – avec lesquelles il composera durant toute sa courte vie pour les associer à son grand projet d’une science de l’Homme.
[…] La pensée de Pierre Mabille, médecin, hermétiste, anthropologue et poète, se révèle d’une extrême acuité en ce qui concerne l’avenir en son temps – c’est-à-dire notre époque, 70 ans après sa disparition, puisqu’il annonce la mondialisation probable de « l’Ordre social » au service de la tyrannie de l’économie. […]
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Extrait de l’article de Ludovic Tac paru dans le n° 175 d’Infosurr.
Pierre Mabille, Pierre Mabille et le Surréalisme, « Une anthologie critique (1934-1952) », Paris, éd. Hermann, août 2024.