Bonheur d’écriture : si galvaudée que soit la formule, distribuée comme un sucre d’orge par la critique soucieuse de louer des effets littéraires comptant trop souvent parmi les plus vains, je ne puis m’empêcher de la reprendre à mon compte pour peindre le plaisir éprouvé à la lecture de Ciel de paille.
Mais non sans préciser aussitôt : « Bonheur d’écriture automatique ». Car les 32 proses poétiques, écrites du 8 août au 26 décembre 1991, que Guy Girard a réunies sous ce titre sont toutes redevables à la dictée de la pensée, affranchie du contrôle de la raison ainsi que de toute préoccupation esthétique ou morale. 32 îlots de sens résolument émancipé, parcourus d’autant de paysages intérieurs qu’on dirait gravés à la pointe sèche, et groupés en un archipel verbal où l’on va de trouvaille en surprise, sans que jamais l’on n’éprouve le besoin malsain de se demander ce que tout cela veut dire. […]
Extrait de l’article de Joël Gayraud paru dans Infosurr n° 151.
Guy Girard, Ciel de paille, Montréal (Québec), éd. Sonambula, février 2020.