Ô roses de l’alphabet, sitôt que nous nous abandonnons à vos syllabes enjôleuses, voici que s’avère, parfum triomphal émané de vos frêles corolles, l’éros de l’alphabet. Élective épiphanie du feu divin de l’amour que, de lettre en lettre, par le jeu de leur reprise à l’initiale, tisse Guy Girard dans un petit livre précieux, fait de cahiers ni cousus ni collés, sertis dans un élégant écrin noir.
Ici, le procédé mis en œuvre, à l’inverse des tristes divertissements oulipiens, loin d’imposer une contrainte, livre une clef d’or pour l’émancipation du sens, de tous les sens. De l’ « araignée apache assiégeant l’assiette de l’apocalypse » au poète « en zazou zoomant devant le zinc des zébus » cette suite de 26 fantaisies en prose allie joyeusement dans le creuset poétique le sel rouge de l’humour objectif au mercure cristallin de l’automatisme lyrique.
Joël Gayraud
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Guy Girard, Les Roses de l’alphabet, Éditions Litan, 13 rue de la Paix, 38600 Fontaine, janvier 2021, 40 pages, 20 € (édition limitée à 50 exemplaires numérotés sur Vergé, illustrée de 3 dessins de l’auteur).