À l’occasion des 25 ans de la revue, Infosurr présente une exposition Les Parallèles de Phases – Regards sur le mouvement Phases (1953-2008)
La Rose Impossible, hôtel départemental Rignault, Saint-Cirq La Popie
1er mai – 14 juin 2021
Peintures, dessins et papiers de Pierre Alechinsky, Suzel Ania, Guido Biasi, Tadeusz Brozowski, Victor Chab, Marie Carlier, Anne-Marie Castelain, Henriette de Champrel, Jean-Claude Charbonel, Richard Comte, Artur Cruzeiro-Seixas, Pierre Demarne, Guy Ducornet, Rikki Ducornet, Aube Elléouët, Anne Ethuin, Giovanna, Hervé Girardin, Ladislav Guderna, Édouard Jaguer, Jacques Lacomblez, Juan Langlois, Conroy Maddox, Hans Meyer-Petersen, Desmond Morris, Christian d’Orgeix, Perahim, Tony Pusey, Carl Fredrik Reuterswärd, Suzanne Rodillon, Franklin Rosemont, Fabio de Sanctis, Max Schoendorff, Claude Tarnaud, Jerzy Tchorzewski, Lucques Trigaut, Jean-Pierre Vielfaure, John Welson, Jacques Zimmermann, Antoni Zydron.
Librairie – bibliothèque associative de La Rose Impossible, hôtel départemental Rignault
[à côté de la maison d’André Breton], centre bourg, 46330 Saint-Cirq-Lapopie. Parking « P4 » pour les voitures.
https://www.maisonandrebreton.fr
Horaires : tous les jours sauf le mardi de 10h à 12h30 et de 14h à 19h
Conditions sanitaires : masques et gel obligatoire (disponibles sur place), maximum de six personnes en même temps par salle d’exposition, éloignées de 2m minimum (marquage au sol à respecter).
Le bulletin Infosurr est né il y a 25 ans, en 1996, avec la volonté de rendre compte de l’actualité du surréalisme et de ses larges environs. Six fois par an, il rend compte des recherches sur des zones encore obscures ou méconnues du continent surréaliste, avec les mises à jour qui s’imposent sur ses différentes évolutions, péripéties et détournements toujours renaissants. Infosurr participe aussi à des aventures éditoriales (des anthologies et la collection « Libre espace » aux éditions Syllepse puis l’animation des éditions du Grand Tamanoir), pour diffuser des œuvres à (re)mettre en lumière autour du surréalisme. En particulier, Infosurr a toujours eu une grande attention à ce qui se passa avec le surréalisme après la Seconde Guerre mondiale. On réduit en effet trop souvent le surréalisme aux glorieuses années 20 et 30.
Le bulletin a été fondé par Richard Walter et Édouard Jaguer. Celui-ci, décédé en 2006, a été un très grand connaisseur du surréalisme et sa bibliographie rend compte de tout ce qui importe dans le surréalisme d’après-guerre. Il a fondé en 1953 le mouvement Phases qui a vécu en parallèle avec les différents groupes surréalistes de partout dans le monde, collaborant avec la plupart d’entre eux, avec en particulier le groupe surréaliste parisien et André Breton entre 1959 et 1963. Ce mouvement Phases voulait rendre compte de toutes les tendances d’avant-garde qui revendiquaient le surréalisme ou l’abstraction comme points de départ, mais avec toujours comme présupposés la liberté et l’imagination. Ainsi Jaguer a été un des rares français à participer à l’aventure Cobra.
Mais l’historiographie officielle des avant-gardes du 20e siècle a fait peu de place à ce mouvement atypique, toujours en parallèle avec d’autres avant-gardes et avec une longévité remarquable (plus de 50 ans). Faire un catalogue raisonné d’un demi-siècle d’activités serait une tâche colossale. En 1972, à l’occasion de l’exposition Phases organisée à Nice, Rétroviseur, le catalogue avait fait le cumul de toutes les activités en citant simplement les dates et les noms : cela prenait plusieurs dizaines de pages. C’était déjà impressionnant pour 20 ans d’activités. Alors que dire maintenant, alors que l’activité n’a jamais cessé jusqu’à la fin des années 2000 ! Une centaine de pages serait nécessaire !
Une citation de Jaguer et voilà Phases posé d’emblée : « cette invention collective qui se fait spontanément sans qu’à aucun moment l’inspiration individuelle ait à souffrir de la moindre contrainte, c’est peut-être un des seuls objectifs que nous nous soyons assignés au départ » (1988). Cet objectif a aisément dépassé les barrières de langues, de lieux, de genres, de durées.
Quelques balises sont indispensables pour qui veut comprendre ou suivre cette internationale non structurée, non scissionniste, non contingentée. Phases est d’abord un mouvement politique, dans le plein sens du terme. Un acte politique passant par une défiance des systèmes établis – tant esthétiques que sociaux –, une ouverture vers des ailleurs sans cesse réinventés, une volonté d’agir sur le monde des formes et des structures, une intransigeance face aux déviances et aux récupérations.
Phases s’est situé dans la lignée du surréalisme et de l’abstraction mais sans exclusive. Phases fut surtout attentif à tous les nouveaux signes d’une « révolution dans l’art » toujours à (re)faire, exprimant sans cesse une solidarité ouverte avec ces signes.
Une des spécificités de cette mouvance fut en effet d’être ouverte à toute nouveauté dans son périmètre : « Phases n’a jamais été, n’est pas et ne sera jamais un mouvement de consécration » (Jageur, 1964). Phases a été un creuset où se sont rencontrés de nombreux artistes venant de partout et de nulle part – certains seront ensuite très connus et la plupart n’oublieront pas d’où ils viennent.
Il allait de soi qu’Infosurr devait rendre hommage à Phases et à ses participants. L’exposition présentera un choix d’œuvres de ceux-ci venant des collections privées des rédacteurs d’Infosurr. Elle respecte la vocation internationaliste de Phases (France, Belgique, Portugal, Pologne, USA, Pays de Galles, Suède) et propose un panorama historique avec quarante artistes ayant participé à Phases toute époque confondue. Des espaces seront consacrées plus particulièrement aux œuvres de Suzel Ania, Marie Carlier, Jean-Claude Charbonel, Édouard Jaguer et Jacques Lacomblez. Les tirages de tête des ouvrages de poètes et d’artistes « phasistes », édités sous l’égide d’Infosurr, seront exposés, ainsi que différents documents, cartons d’invitations, affiches, livres et revues des années 60 à nos jours – et mêmes des dessins, collages ou enveloppes que ces artistes ont envoyés à la rédaction d’Infosurr. Les deux films réalisés par Ludovic Tac sur Jean-Claude Charbonel et Jacques Lacomblez, instigateurs de nombreuses activités « phasistes » seront également projetés.
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