À l’orée des années 1990, Alexandre Pierrepont joua, très jeune, un rôle déterminant dans le renouvellement des activités du groupe surréaliste de Paris. Si, depuis nombre d’années déjà il n’entretient plus, hélas, que des relations distantes quoiqu’amicales, avec ce groupe, il n’en a pas pour autant, fort heureusement, abandonné
toute référence ni toute implication avec l’idée et le projet surréalistes.
Chronique d’un échouage est le seul « écrit narratif » de Nora Mitrani. Un climat étrange s’installe dans cette « chronique » dans laquelle un bateau s’échoue sur le Rhône : en attendant le remorquage, la narratrice observe et raconte les 5 personnages coincés en huis clos. Ce n’est pas vraiment un roman mais plutôt, comme l’observait justement Julien Gracq, un « texte savamment disloqué, sujet de nouvelle traîtreusement, malignement désarticulé ».
Le poète Allan Graubard a su réaliser la publication d’un large choix des photographies fantastiques faites par Ira Cohen entre 1968 et 1971 dans sa Chambre Mylar située dans la mansarde de son appartement new-yorkais. Ira Cohen (1935-2011) était un artiste et poète important aux alentours du surréalisme et du mouvement « beat » américain, mais il est généralement considéré la vedette de l’underground artistique international des années 1960-1980.
Ce livre est un petit joyau, aussi bien grâce aux écrits inédits du poète/auteur que par les délicieux dessins colorés du peintre/illustrateur. Comme l’on sait, Philippe Audoin (1924-1985) fut un membre actif du groupe surréaliste à partir de 1963, et un des principaux organisateurs de l’exposition collective L’Écart absolu (1965). Dans une carte postale de Saint-Cirq-la-Popie en date du 27 août 1965 André Breton lui écrivait : « cette exposition vous doit tout ». Ses textes publiés dans La Brèche portaient sur l’alchimie, l’héraldique, l’hermétisme, la cabale phonétique et Charles Fourier, mais il avait aussi écrit des livres sur J.K. Huysmans et sur Maurice Fourré.
Rendez-vous avec des … Déménageurs de forêts ! Chez André Breton, à Saint-Cirq Lapopie. Ces temps-ci, c’est la jeune association « La Rose impossible » qui illumine à nouveau les lieux.
Émotion toujours en arrivant à Saint-Cirq. Toujours en dévalant ses ruelles pavées on croirait entendre les éclats de voix des découvreurs d’agates… Voici la demeure d’André Breton !
Dans la majestueuse salle où Breton recevait les amis, ce soir nous encerclent des songes sévères et moqueurs : les… « Déménageurs de forêts »… oui… les collages de Pierre Rojanski !
Depuis quelques années, toute exposition célébrant un « grand nom » de l’histoire de l’art, ou prétendant réestimer une oeuvre, suscite de multiples publications – et que la meilleure gagne ! La rétrospective consacrée par le Centre Pompidou à Paris, du 5 juin au 29 juillet 2019, à Dora Maar, a donc entraîné la parution, bien entendu d’un catalogue, comme il se doit copieux et assez classique dans son organisation, mais aussi de trois ouvrages, de conception et d’intérêt différents, qui s’ajoutent aux biographies plus ou moins romancées ayant succédé aux ventes, en 1998-1999, des oeuvres de Dora Maar et de sa collection de Pablo Picasso.
Même si Infosurr n’a pas d’envoyé spécial dans le cône sud des Amériques, nous pouvons vous donner des nouvelles de Buenos Aires. Juan Carlos Otaño et Gerardo Balaguer animent un « Grupo surrealista del Rio de la Plata », surtout basé à Buenos Aires et très resserré sur quelques participants. Ils éditent Dazet, une belle et légère publication au format étonnant (15×43 cm ! ! !), sur du beau et épais papier, de couleur toujours différente, avec des interventions originales des membres du groupe (textes, illustrations mais aussi dialogues et jeux collectifs), des articles sur des sujets rares (ainsi un article très sensible d’Otaño sur la poésie des films scientifiques de Jean Painlevé dans le n° 3), des traductions de citations ou de textes particulièrement bien choisis : traductions de poèmes de Benjamin Péret ou de Jean Schuster, des citations allant d’Alphonse Rabbe à Malcom de Chazal, Joyce Mansour ou Gellu Naum.
« Je refuse de m’identifier à mes faits et gestes quotidiens » Cette phrase est de l’auteur de Bonjour Monsieur Courtot ! (Éditions Ellébore, 1984, dirigées par Jean-Marc Debenedetti). Les circonstances qui conduisent à sa disparition le 5 août 2018 relèvent très exactement de ce quotidien dont l’ensemble de son oeuvre, de livre en livre, s’extrait de toutes ses forces par une inflexible résolution de l’imagination. Claude Courtot ne craignait pas le mot « oeuvre », par quoi il faut surtout entendre, en l’occurrence, la construction patiente et insistante d’un ensemble de relations inaperçues entre des événements, des éléments culturels et des émotions, échappant à la lassante répétition des formules apprises par coeur auprès des mentors majuscules, comme à l’infidélité oublieuse de ce qui éternellement (dirait Ferdinand Alquié et quelques autres) récuse ici et maintenant la volatilité généralisée.
Né en 1926 à Vendôme, Paul Destribats a eu une vie pleine de rebondissements : grand voyageur, militant trotskiste, patron de club de jazz à Rio ou courtier en Bourse, il était surtout devenu LE collectionneur de revues et de publications de tout ce qui touchait l’avant-garde au 20e siècle.
Quand on cherche des informations sur la photographe surréaliste Kati Horna (1912-2000) dans l’ouvrage de référence Les Mystères de la chambre noire (1982) par Édouard Jaguer, on ne trouve pas son nom. C’est que Hora était quasiment inconnue hors du Mexique, son pays d’immigration après ses trois exils : en 1933, de son pays de naissance, la Hongrie devenue antisémite ; en 1938 de l’Espagne devenue fasciste ; en 1939 de Paris, devenu dangereuse pour une juive réfugiée après la déclaration de guerre de la France aux nazis.